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– Cécile Girard Paintings –
Ces peintures sont nées de voyages et de la rencontre des civilisations asiatiques et occidentales. Les références qui sous-tendent ces peintures sont issues de caractères chinois primitifs et de pictogrammes de la province du Yunnan, mais aussi de la symbolique chrétienne principalement sous ses formes byzantines et coptes.
On retrouve dans les œuvres de Cécile les tons bleu-vert et orange-rouge du Yunnan ainsi que l’utilisation accentuée du cernepropre à la calligraphie chinoise. Cécile Girard a su élaborer un vocabulaire pictural original qui offre une synthèse entre la peinture traditionnelle chinoise et les grands maîtres occidentaux, créant une symbolique des émotions portée par la couleur et le froissement du papier.
Cécile Girard porte une attention particulière au traitement des matériaux – comme par exemple pour le papier de riz de la Région du Anhui, fait sur mesure. En pétrissant, travaillant et épaississant le papier, elle confère à ce matériau chinois traditionnel une vie nouvelle, des formes denses, à la fois texturées et souples. Cette technique originale de traitement du papier mêle l’encre chinoise, l’acrylique et l’huile. L’ensemble produitde riches couleurs brillantes et profondes.
Dans l’œuvre de Cécile, l’utilisation de l’espace est inspirée par la sculpture des paravents typiques de l’architecture chinoise traditionnelle qui se mêle au traitement de la lumière propre au vitrail italien.
Dans certaines de ces peintures, on observe une disparition progressive du trait. Ce dernier n’est plus utilisé comme division systématique de l’espace, mais plutôt pour mettre l’accent sur le volume et la profondeur du champ.
Les éléments de peinture du paysage chinois sont omniprésents. Dans les œuvres récentes de Cécile telles que les séries “Fragments” et “De voile et de verre”, ils sont cependant atténués, laissant place à un retour au trait et au geste ample empruntés à la calligraphie chinoise.
Dans la série “Fragments”, les courbes ainsi que les lignes brisées sont mises en avant. Ici encore, ce style intègre les éléments propres à la calligraphie chinoise. Même si le media de peinture joue toujours un rôle dominent dans ses œuvres, Cécile revient à l’essence de la peinture: elle affaiblit subjectivement l’espace et la profondeur de champ, les éléments simplifiés offrant une expression intuitive qui relie les lignes libres aux techniques Zhongcai, obtenant ainsi une déconstruction originale de l’image qui met l’accent sur une forme d’expression plus primitive.
Dans la série “Voile”, les motifs se muent en pictogrammes. Les lignes se transforment en signes et symboles. Les couleurs se font plus transparentes, les formes plus dépouillées. Quant au papier, il a été pressé à plat afin que lumière et couleurs se confondent créant ainsi un reflet supplémentaire.
Dans la série “Verre”, c’est l’utilisation de l’espace qui est remis en question. Ici un papier dense est assemblé en modules, générant un effet de relief et des couleurs plus opaques. La lumière est réfléchie sur ce support “textile”. Les craquelures présentes nous rappellent la technique du vitrail. Le motif de l’arbre chinois est également intégré. Il s’en dégage une impression initiale de mystère ou se mêlent densité, abondance des lignes, force des couleurs et des textures.